Frère Roger, de Taizé, est parti, le 16 août 2005, auprès de Celui à qui il a consacré sa vie, Jésus-Christ. Il est mort comme il a vécu, en prière, au milieu de l’église, comme un pauvre.

Brother Roger1Pionnier de l’œcuménisme, ayant eu l’inspiration de rassembler les chrétiens catholiques, protestants et orthodoxes, et en particulier les jeunes, il a aussi été le seul pasteur protestant de l’Histoire confident de 3 papes. Des centaines de milliers de jeunes ont arpenté, depuis plus de 50 ans, les collines de Taizé en Bourgogne pour, à son exemple, prier, échanger, partager, dialoguer, accueillir la parole de Dieu. Il a cultivé des liens avec les Chrétiens des pays de l’Est, avant la chute du Mur, et a rencontré Mère Térésa ou Dom Helder Camara, autres grandes figures d’un christianisme accueillant, ouvert, actif, priant, proche des gens. Il a fait germer en Jean-Paul II l’idée des JMJ, et a été invité au Concile Vatican II par Jean XXIII.


Voilà pour sa biographie. Mais Frère Roger, c’était bien plus que cette froide énumération journalistique, toute impressionnante qu’elle puisse paraître. Pour ma part, il a suffi que je lise quelques uns de ses textes, quelques-unes de ses prières, et que je le vois une fois, à Taizé, il y a quelques années, que je rencontre son regard profond et d’une infinie bonté, que je l’entende prononcer avec une douceur incomparable quelques paroles au cours d’une célébration eucharistique dans l’église de la Réconciliation, pour que ma vie en soit marquée définitivement. Combien d’hommes peuvent prétendre à provoquer une impression si profonde sur leurs contemporains, quels hommes peuvent par quelques paroles et un regard accompagner toute une vie d’autres hommes ? Simplement ceux qui marchent aux côtés du Christ, comme Frère Roger, et qui savent, jusque dans leur mort, susciter des vocations, et montrer, comme l’a dit l’abbé Pierre, que « la vie, c’est un peu de temps pour apprendre à aimer ».


Philippe Gislais – août 2005